¿Cómo es posible preguntar qué es la filosofía y responder creación de conceptos? La forma de la pregunta, de origen platónico, indica que se busca una identidad de la disciplina, un concepto de filosofía único e inmutable, en definitiva, la Idea de filosofía. Sin embargo, la respuesta se revela decepcionante porque sostiene que la filosofía es una disciplina creativa, en cada caso diferente. El problema es fundamentalmente metodológico: ¿cómo debemos concebir la creación para no resignar toda forma de identidad? Pero también historiográfico: ¿cómo hay que concebir la creación para que la historia de la disciplina conserve una unidad y no se atomice en una serie de rupturas? El examen de los elementos de la filosofía (el concepto, pero también el plano de inmanencia y los personajes conceptuales) y el estudio de los diferentes aspectos de la creación (el método en sí, la historia de la filosofía y el discurso filosófico ) permite resolver el problema. En efecto, en un primer momento, la definición de la filosofía de Gilles Deleuze parece invalidar la idea de la identidad de la disciplina y de la unidad de su historia. Pero el método concebido como ensamblaje, la historia como apropiación, y el discurso filosófico como invención de una lengua en la lengua demuestran que en ningún caso la creación constituye una ruptura o un abandono de la tradición. No diremos, sin embargo, que la unidad y la identidad son simplemente restauradas, sino reinventadas y reformuladas. Por eso la concepción de la filosofía de Deleuze implica al mismo tiempo la identidad y la diferencia de la propia disciplina, la ruptura y la continuidad con la tradición. ¿Por qué sorprenderse del carácter paradójico o de la solución cuando la pregunta y la respuesta, afirmadas simultáneamente, son en sí el planteamiento de una paradoja?
Fil: Cherniavsky, Axel. Universidad de Buenos Aires. Facultad de Filosofía y Letras.
Comment peut-on demander qu’est-ce que la philosophie ? et répondre création de concepts ? La forme de la question, d’origine platonicienne, indique qu’on est à la recherche d’une identité de la discipline, d’une notion de philosophie unique et immutable, bref de l’Idée de philosophie. Mais la réponse semble décevoir l’inquiétude, vu qu’elle affirme que la philosophie est une discipline créative, qu’à chaque fois, elle devient différente. Le problème est d’abord d’ordre méthodologique : comment faut-il concevoir la création pour ne pas résigner toute forme d’identité ? Mais aussi d’ordre historiographique : comment faut-il la concevoir pour que l’histoire de la discipline conserve une unité et ne s’atomise pas dans une série de ruptures ? L’examen des éléments de la philosophie (le concept, mais aussi le plan d’immanence et les personnages conceptuels) et l’étude des différents aspects de la création (la méthode proprement dite, l’histoire de la philosophie et le discours philosophique) permet de résoudre le problème. Effectivement, dans un premier moment, la définition deleuzienne de la philosophie semble invalider l’idée d’une identité de la discipline et d’une unité de son histoire. Or la méthode conçue comme réassemblage, l’histoire pensée comme appropriation, et le discours philosophique compris comme invention d’une langue dans la langue prouvent qu’en aucun cas la création équivaut à une rupture ou à un abandon de la tradition. On ne dira pas cependant que l’unité et l’identité sans tout simplement restaurées, mais réinventées ou reformulées. C’est pourquoi la conception de la philosophie deleuzienne implique au même temps l’identité et la différence de la discipline à soi, la rupture et la continuité avec la tradition. Or pourquoi s’étonner d’une conception paradoxale si la question et la réponse, formulées simultanément, constituent elles-mêmes la position d’un paradoxe ?
